Quand on crève de soif, on pense avec ses canines...

Messages : 3 Date d'inscription : 20/04/2008

A la suite d'une bimbo punk-rock qui a dû manger salement, vu l'état dans lequel elle se trouve, se tapis à distance respectable une forme encore indistincte.
Celle qui se fait suivre -à l'odeur, diront les mauvaises langues- déambule apparemment d'un air assuré et plein de morgue, ne prêtant pas la moindre attention à l'être largement plus faible qui rôde dans les ombres qu'elle vient de quitter pour disparaître dans la taverne du clan stigma diaboli, connue sous le nom de Flegg, bien que la jeune buveuse de sang n'en sache rien.

La créature, plus menue quoi que vêtue d'une robe de soirée carmin dans laquelle elle nage largement, reste un certain temps sans bouger une fois sa cible disparue de son champs de vision, à présent masquée à son sens olfactif qui s'affole rapidement en repérant un mourant adossé à l'un des murs de la bâtisse que les habitués ont du laisser s'enfuir pour une raison ou pour une autre.

L'être à moitié desséché et crevant de soif se précipite presque à quatre pattes, en un grand arc de cercle vers cette mâne providentielle quoi que fort modeste. Mais un peu, c'est toujours mieux que rien...
Mais surtout, surtout ne pas quitter les ombres et leur couvert illusoire. Qui d'autre que des mortels auraient pu ne pas capter sa présence, par ici?

Mais toute notion de prudence a abandonné la jeune vampire face à la perspective de pouvoir suçoter quelques gouttes du précieux fluide. Il ne lui reste qu'un simulacre d'instinct de conservation qui lui fait éviter les halos lumineux des quelques lampadaires tremblotants qui ont jonché sa route et qui la forcent à plisser les yeux, vu son état de faiblesse... mais guère plus.

La chose ferme les yeux lorsque ses canines avides s'enfoncent dans la chair dores et déjà percée du mortel, les premières aspirations du liquide chaud et épais sur sa langue lui arrachant un faible râle de plaisir et de soulagement mêlé.
Ses muscles non morts lui font rapidement moins mal, et elle retrouve peu à peu forme humaine. Bientôt, le corps vidé de toute hémoglobine chute sur le sol goudronné, la tête du malheureux rebondissant avec un bruit sinistre sur un vieux morceau de béton oublié et couvert de poussière.

C'est bien trop peu pour regagner sa splendeur d'antan, mais assez pour retrouver la raison. Assez pour se rendre compte que non loin, des immortels bien trop puissants pour elle sont regroupés et festoient sans doute.
L'ont il remarqué? Oui, sûrement. Se soucient ils d'un individu si insignifiant? Peu probable... et la demoiselle à l'air encore assez famélique se surprend à souhaiter sincèrement que tel soit le cas, et qu'on la laisse s'éloigner sans heurts...

Admin Messages : 98 Date d'inscription : 05/04/2008 Age : 43 Localisation : UT2

Felina avait observé le manège de cet être sans mot dire.
Elle se souvenait avoir vécu la même chose : devoir rester dans l'ombre, être faible et assoiffée, rester aux aguets....bien loin ce temps là, mais impossible à oublier.

La bête semblait inquiète. Felina s'approcha discrètement, sans se faire percevoir de celle-ci. Lorsqu'elle fût à sa hauteur, elle l'aperçu plus distinctement. Une femme, une vampire, en piteux état même. Elle faisait peine à voir.

L'Occitane fût prise de compassion pour cet être à la merci de tous. Comment pouvait-elle accepter sa condition ?

" N'en as-tu point assez de devoir te cacher à la vue de tous? "

Elle sursauta et comme une enfant prise en faute, elle s'agenouilla devant Felina implorant son pardon du regard.

" Relèves-toi immédiatement !!! " Le ton était sans appel.

Elle s'exécuta sans demander son reste comprenant que la suite dépendrait de son obéïssance.

" Dans quel état te trouves-tu ? Que t'est-il arrivé ? Qui es-tu ? "

Les questions fusaient et l'être presque inerte debout devant elle semblait avoir du mal à se concentrer sur toute celles-ci simultanément.

Felina le perçu et reprit moins abruptement :

" Demander de l'aide à quelqu'un ne te tuera point...je l'ai fait moi-même dans ma jeunesse vampirique. Je ne ressent rien de néfaste émaner de toi. Je suis prête à t'aider si tu en fait la demande.

Je lis en toi, je sais que tu n'es pas venu ici pour demander à ce que nous t'acceptions parmis nous. Viens avec moi."

Felina précéda la chose qui la suivait. Les vampires alentour ne manquaient rien de ce spectacle : L'Occitane avançant, suivit de cette chose qu'elle ne craignait point.

Elles entrèrent toutes deux dans la taverne. Tous les yeux étaient rivés sur elles. Felina traversa la pièce pour s'assoir à sa table.

La jeune vampire défraichit s'assit à ses pieds. Felina éclata de rire.

" Voyons mais que fais-tu donc ? Même mes esclaves ne s'assoient pas à mes pieds. Joins-toi à moi, à ma table. "

Elle demanda au tavernier de leur porter un grand cru...

"Deux bouteilles...non trois plutôt !"

Voyant les regards insistants converger vers elles, Felina interpella l'assistance :

"Je vous préviens tous, elle est mon invité en ce lieu. Vous savez tous ce que cela signifie ! Quelqu'un veut rajouter quelque chose ?"

Elle balaya l'assistance du regard attendant que quelqu'un se manifeste.

Messages : 3 Date d'inscription : 20/04/2008

La jeune vampire a, malgré tout, tendance à se prostrer sur sa banquette, face à tous ces regards. Que ce soit de crainte ou de honte, elle détourne fréquemment son visage encore creusé par les affres de la soif pour le soustraire à la vue de ses aînés, profitant de ses cheveux longs ternis comme d'un voile pudique sur ses traits anguleux et sa peau tirée.
Seuls ses yeux violets passent d'un client à l'autre, pleins d'un mélange de nervosité, d'envie et de curiosité.

Mais enfin, la boisson tant attendue arrive sur la table. Trois bouteilles dont l'odeur, même à travers le contenant de verre, obnubile les sens de la malheureuse novice.
Mécaniquement, elle s'empare de l'une d'entre elles, sans y penser, alors qu'elle avait à peine comprit que quelqu'un les avait commandées. Avant.
La voix.

C'est la voix qui a pourvu au sang. La voix qui commende, juste à coté d'elle.
Dans son monde primal en rouge, blanc et noir, la voix prend beaucoup de place, depuis peu... mais elle ne dit pas qu'il ne faut pas boire.
Boire... le sang est là pour ça, non?
Avec des gestes empressés, l'être finit par déboucher l'accès au goulot. Et au sang.
Le sang. Du sang...

Au bord de la frénésie, elle s'empresse de porter le rond de verre à ses lèvres avides, vidant rapidement le contenu d'hémoglobine si gracieusement offert.
Le sang, bien plus puissant que celui de l'humain, brûle ses veines rétrécies en s'y engouffrant, causant de nouveaux tiraillements sur tout son corps au fur et à mesure que celui-ci se reconstruit, que les chairs retrouvent peu à peu leur aspect originel.
Ou presque... car elle demeure encore faible, maigre et ridée.
Mais au moins à présent a elle figure humaine... et jolie, qui plus est.

Quoi qu'il faille faire preuve d'un peu d'imagination pour s'en convaincre, pour l'instant, puisqu'elle n'a pas encore récupéré toutes ses capacités ni son apparence première. Il faudrais plus de sang. Encore...
Au moins sa conscience s'est elle éveillée, à présent, et ses yeux écarquillés parcourent à nouveau l'assistance jusqu'à la femme assise à ses cotés.
Impressionnée, la novice parvient à bredouiller quelques syllabes d'une belle voix douce:

"Je... suis Aurelia. Merci, Dame. Pour... pour..."

Incapable d'en dire plus pour l'instant, elle montre la bouteille vide qu'elle tient encore serrée à deux mains contre elle, comme si c'était un grand trésor. Eh bien, au moins, la voilà cohérente. On aura pas tout perdu, hein?

Admin Messages : 98 Date d'inscription : 05/04/2008 Age : 43 Localisation : UT2

" Ne me remercie pas je t'en prie. C'est un réel plaisir de te voir boire avec envie. Diable mais depuis combien de temps n'as-tu rien bu de potable ? "

Felina attendait une réponse mais rien ne vint. Aurélia semblait troublée par cette question. De toute façon, elle n'avait pas assez de force pour répondre.

Son visage aux traits tirés, laissait deviner sa beauté d'antant. Plus elle buvait et plus elle s'embellisait et semblait comprendre les mots emmanants de la bouche de Felina.

De ses yeux perçants, l'Occitane, penchant la tête sur le côté, tentait de lire dans l'esprit de cette femme tourmentée....elle lut la crainte, l'effroi, la douleur....

Pauvre petite, pensa-t-elle. Aurélia observait les deux bouteilles encore pleine posées juste sous son nez...une torture semblait-il. La demoiselle avait bien du mal à résister à l'envie de goûter encore à cet elixir de jouvence.

" Elle sont pour toi et il y en aura autant que tu en voudras. Ici, nous n'en manquons jamais. "

La Dame sourit à Aurélia et ajouta à voix base comme pour elle même et le regard embué :

" Tu me rappeles à mon bon souvenir quelques siècles en arrière... "

Mais elle ne laissa pas ses émotions prendre le dessus. Sa position sociale actuelle ne lui autorisait pas ce genre d'abandon.

" Lorsque tu seras en meilleure condition, nous pourrons enfin discuter tranquillement et je saurai enfin ce qui t'a poussé à risquer ta peau en t'aventurant par chez nous. "

Messages : 3 Date d'inscription : 20/04/2008

La seconde bouteille subit le même traitement que la première, et rapidement avec ça, la petite jeune ne se faisant pas prier pour étancher sa soif.
Puisque c'est offert, pourquoi s'en priver? Le pourrait elle, de toute façon?
Contrairement à la précédente, au moins, l'assoiffée parvient à reposer le récipient vide de façon presque civilisée avant de se saisir du dernier flacon de breuvage qu'elle débouche avec plus d'attention.

Cette fois, elle fait durer le plaisir, contemplant la manne nourricière, fascinée par les reflets des lumières tamisées de l'endroit à la surface du sang frais.
Avec délectation, les yeux mi-clos, elle en hume ensuite l'odeur, consciente de ne pas pouvoir jouir d'un si grand cru tous les jours.
Enfin, elle en absorbe une gorgée, rapidement suivie d'une autre, qu'elle fait rouler sur sa langue et dont elle s'humecte ses lèvres redevenues pleines.

Les effets se font enfin vraiment sentir, et la vampire a retrouvé sa beauté première, du satiné de sa peau aux formes généreuses et au lustré auburn de ses cheveux longs et souples.
Un soupire de satisfaction l'arrache à son écarlate renaissance, et elle tourne un regard débordant de reconnaissance sur celle qui l'a sauvée et nourrie.
Ses yeux, eux aussi, semblent avoir retrouvé toute leur vivacité, et l'intelligence qu'on y lit a maîtrisé la bête, à présent.

"Merci encore, Dame, quand bien même vous n'estimez pas cela nécessaire. Sachez, pour ce que ça vaut pour quelqu'un de si puissant que vous, que je vous serais toujours redevable."

Pour l'instant, elle ne dit rien de plus, cette brune aux traits méditéranéens, toute son attention étant captivée par l'Occitane, son aînée. Sans doute faudra il lui reposer les questions évoquées quelques instants auparavant, maintenant qu'elle est en mesure de les comprendre et d'y répondre.